De Guest blogger

15 avril 2015 - 15:58

fille qui fait le mot je t'aime en langue des signe
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Tawat Malahom. Istock.

Comment nos cerveaux traitent-ils le langage ? David Davila, étudiant américain en neurosciences et lauréat de la finale du concours de communication scientifique FameLab en France, explique ce que la langue des signes nous indique sur la façon dont nous communiquons. David a fini deuxième de la finale internationale de FameLab à Cheltenham en juin 2014.

Sommes-nous clairs sur ce que nous entendons par «langage» ?

Qu'est-ce que le langage ? La définition dans le Dictionnaire d’Oxford (en ligne) est une «méthode de communication humaine, orale ou écrite, consistant à l'utilisation de mots de manière structurée et conventionnelle».

Eh bien, Dictionnaire d’Oxford, pour la première fois de ma vie, je me permets de vous contredire.

Une chose est claire - le langage, c’est compliqué. Alors, quand les neuroscientifiques commencent à poser des questions sur la façon dont le langage est représenté dans le cerveau, nous devons faire attention à quelles questions nous nous posons effectivement. Posons-nous la question sur la façon dont le cerveau utilise les «règles» de la syntaxe pour créer un langage cohérent? Ou sommes-nous en train de nous demander comment notre cerveau traduit des idées ou des objets en mots?

Parce que le langage est un sujet abstrait mais compliqué, il est important de rester ouvert aux différentes possibilités de fonctionnement du cerveau, avant de formuler des hypothèses.

Les patients atteints de lésions cérébrales fournissent des indices sur le fonctionnement de la production du langage

Un des premiers indices sur la façon dont le langage fonctionne dans le cerveau peut se retrouver chez les patients qui ont subi des lésions cérébrales. Le médecin français du 19ème siècle Pierre Paul Broca a étudié de nombreux patients qui avaient des dommages dans la même zone du cerveau, et qui affichaient ensuite de graves déficits de langage. Cette partie du cerveau est maintenant connue comme l'aire de Broca. Un patient marquant, prénommé «Tan», semblait savoir ce qu'il voulait dire, mais quand il ouvrait la bouche, la seule chose qui sortait était «Tan tan tan tan tan taaaaaaan. Tan tan? ».

Il est maintenant bien établi que l'aire de Broca est impliquée dans la production de la parole, expliquant les déficits des patients du Dr Broca. Mais nous pouvons aller encore plus loin dans cette ligne de questionnement. «Tan» avait toutes les fonctions motrices nécessaires et l’expressivité vocale pour utiliser le langage, mais il lui manquait cette zone-clé de production de la langue. Cela signifiait qu'il était incapable de communiquer.

Et si nous pouvions étudier quelqu'un qui avait le problème inverse - une personne qui est capable d'utiliser la langue, mais qui n’utilise pas les fonctions motrices et l’expression vocale spécifiques pour le faire ?

La langue des signes nous montre que le langage est plus qu'un simple système parlé ou écrit

Prenez la langue des signes. Il a été constaté récemment que certaines parties de l'aire de Broca dans le cerveau sont activées lorsque les locuteurs de la langue des signes font des signes, tout comme lorsque des locuteurs d'autres langues prononcent des mots. Cela implique que la langue des signes – en ce qui concerne le cerveau - est juste un autre système de langage abstrait.

Désolé, Dictionnaire d’Oxford. Selon nos cerveaux, tous les langages ne sont pas parlés ou écrits.

FameLab vise à découvrir des scientifiques charismatiques et plein de promesses qui peuvent inspirer les gens à voir le monde sous un nouvel angle. Le concours a été initié par le Cheltenham Science Festival et est coordonné par le British Council dans 25 pays.

Le saviez-vous: le gouvernement britannique a reconnu la langue des signes britannique comme langue officielle en 2003.

David a remporté la finale nationale de FameLab en France et le prix du public lors de la finale internationale lors du Festival des Sciences à Cheltenham (Royaume-Uni), en 2014. David est né, a grandi et été scolarisé en Californie du Sud. Ses études ont été axées sur les neurosciences, à l'Université Paris 7 notamment. David est maintenant de retour en Californie, très heureux d’avoir pu préparer un cours TED-Ed sur la rétine des personnes non-voyantes.

 

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